1/ Quelles étaient vos conditions de détention avant l’évasion ?
Terribles. A l’isolement, un calvaire. Pour la plupart, la grande évasion, les cachets. En centrale de force, un mouroir. Personne ne sort, personne n’a de permission. Par exemple, un mec qui a fait 20 ans, à qu’il ne reste que 6 ou 8 mois, son père ou sa mère meurt, pas de permission.
2/ pourquoi cette nouvelle évasion ?
parce que je vais mourir en prison et sans être un porte-parole, il y a des dizaines, des centaines d’autres qui sont comme moi, dans ma situation mais qui physiquement et psychologiquement n’ont plus les moyens de vivre. Ils se sont éteints. Le simple fait de l’action, c’est vivre quelques secondes comme un être humain.
Parce que tout est fait pour qu’on oublie qu’on est des êtres humains.
3/ quel était votre plan initial ? on a eu l’impression que rien n’était préparé dehors ?
départ des promenades en semaine, au maximum le jeudi matin après mon passage en jugement le mercredi. Mais pour cela il aurait fallu que tout soit en cellule comme c’était prévu. Donc improvisation totale en raison du fait qu’il n’y avait rien en cellule.
4/ comment avez vous vécu ces 38 heures de cavale ?
38x60 = 2280 minutes
2280x60 =136800 secondes
cela ne se vit pas en heures, mais en minutes voire en secondes, comme la détention.
J’ai vécu 136800 secondes d’être humain, intenses
5/ qu’est ce que vous aviez en tête pendant la fuite ?
Vivre
6/ quels ont été vos rapports avec les otages ?
en ce qui me concerne, après le côté brutal de la présentation, bons
mais c’est aux victimes de s’exprimer là-dessus.
7/ pourquoi êtes vous revenu en région parisienne ?
je suis arrivé 2 ou 3 jours trop tôt à l’extérieur
8/ Etiez-vous prêt à tout, même à mourir, pour pouvoir profiter de votre liberté.
à tout non, à mourir oui
9/ comment s’est passée votre arrestation ?
…
10/ auriez vous préféré être abattu ?
mourir libre mieux que vivre enterré vivant
11/ quel est votre état de santé ?
énorme perte de poids, conditions inadaptées à un blessé. Je fais avec
12/ vous avez des regrets ?
oui un seul, l’incarcération de Sylvie et de la femme de mon ami
13/vous regrettez d’avoir impliqué votre compagne et une amie dans l’évasion ?
comme toujours, l’instruction amènera son lot de vérité tendant à démontrer les faits sous un autre jour
14/ quel avenir maintenant ?
concept inconnu de la justice et de l’administration pénitentiaire, sinon, aucun…
Benjamin FRANKLIN : « un peuple qui est prêt à laisser un peu de sa liberté contre un peu plus de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre »